Interprétation

L'interprétation est une phase transverse à mener tout au long de l'ACV, de la définition du champ de l'étude et des objectifs jusqu'à l'évaluation des impacts.

Elle permet d'objectiver les études en confrontant les hypothèses émises tout au long de l'ACV ou encore les données manipulées avec les résultats qui découlent de l'étude. 

En quoi consiste l'interprétation ?

Définition

L'ISO 14044 définit la phase d'interprétation comme

"la phase de l'analyse du cycle de vie au cours de laquelle les résultats de l'analyse de l'inventaire ou de l'évaluation de l'impact, ou des deux, sont évalués en relation avec les objectifs et le champ définis pour l'étude afin de dégager des conclusions et des recommandations". 

L'étape d'interprétation permet notamment de répondre aux objectifs fixés lors de la première étape.

Mais il sera également possible de vérifier les hypothèses prises et d'identifier, si nécessaire, des besoins de collecte de données complémentaires.

Mener une démarche d'interprétation

Principe

Le principe consiste à étudier les résultats de façon progressive, dans un premier temps pour tout le cycle de vie puis pour chaque phase de vie.

Ceci notamment pour déterminer les éventuels transferts d'impacts.

Il convient aussi d'identifier les composants les plus contributifs et de vérifier la robustesse de leurs résultats en analysant les incertitudes et leurs sensibilités.

Exemple

Si les données utilisées pour modéliser un composant (masse, distance de transport, mix énergétique,...) possèdent de fortes incertitudes et que leur impact est déterminant dans les résultats globaux, il conviendra de mener des études complémentaires pour les améliorer.

Analyses de sensibilité

Fondamental

Les analyses de sensibilité permettent d'évaluer la fiabilité des résultats et des conclusions au regard des hypothèses et des choix pris tout au long de l'ACV.

Elles consistent à faire varier une donnée et d'étudier comment cela se répercute sur les résultats finaux.

Les transferts d'impact

Fondamental

Lors de la comparaison de deux produits, systèmes ou services, ou entre deux versions d'étude, l'ACViste doit s'assurer que les bénéfices réalisés d'une part ne l'ont pas été au détriment d'autres éléments.

Le transfert d'impact peut être entre des indicateurs environnementaux ou des phases de vie.

ExempleD'une catégorie d'impact à une autre

Dans l'exemple ci-contre, entre les deux versions d'un même produit, la modification d'un des matériaux et d'un processus de fabrication peut entrainer une diminution des impacts sur le changement climatique mais augmenter ceux liés à l'eutrophisation, à la pollution des sols et à l'écotoxicité.

ExempleD'une phase de cycle de vie à l'autre

Les transferts d'impacts peuvent également avoir lieu entre les différentes phases du cycle de vie. En fonction des frontières de l'étude il est important de s'assurer que des améliorations apportées sur l'une des phases (e.g. la fabrication) n'entraine pas une augmentation d'impact sur les autres.

Les incertitudes

Il existe différents types d'incertitude au niveau :

  • des données

  • des méthodes d'évaluation

  • des modèles

Des données

Au niveau des données, plusieurs causes d'incertitude peuvent exister.

Elles peuvent par exemple ne pas être représentatives par rapport à la situation étudiée (e.g. choix d'un mix énergétique européen alors que le produit est utilisé en France), ou l'incertitude peut porter directement sur la donnée en elle-même (e.g. la valeur d'une masse sera toujours dépendante de la précision et de la justesse de l'outil de mesure utilisé).

Des méthodes d'évaluation

Les incertitudes liées aux méthodes d'évaluation portent sur deux éléments principaux. D'une part il y a le choix des catégories d'impacts, au sein de la méthode ou sélectionnées par l'ACViste. D'autre part, pour une même catégorie, la définition des facteurs de caractérisation peut être sujette à des incertitudes.

Par exemple, le guide d'utilisateur·trice de la méthode IMPACT 2002+ précise qu'une différence de moins de 10% ne peut être considérée comme significative pour l'indicateur lié aux changements climatiques. Cette valeur s'élève à 30% pour les indicateurs d'acidification et d'eutrophisation.

Des modèles

Les incertitudes se retrouvent également au niveau du modèle de l'ACV, notamment en ce qui concerne les diverses hypothèses prises sur le cycle de vie, les allocations, les procédés choisis, etc.

Revue critique

La norme régissant la conduite des ACV autorise des variations selon la personne en charge. Il peut s'agir de la modélisation du cycle de vie, des indicateurs pris en compte, etc.

C'est pourquoi la norme impose qu'une revue critique soit menée pour pouvoir publier les résultats d'une ACV. Cela consiste à demander à un (panel d')expert(es) extérieur, n'ayant pas de conflit d'intérêts, d'analyser puis de rédiger un avis sur l'étude. Il lui appartient ainsi de justifier certaines hypothèses ou d'indiquer les manques ou points de vigilance par rapport à l'étude.

L'ACV sera publiée avec l'avis de cet (ces) expert(es).