Low-Tech_Remise en question des besoins

Tatiana REYES CARRILLO (UTT)

Projet ET-LIOS

CC 4.0 BY-NC-SA + licence commerciale ET-LIOS

Objectifs

Savoir comment remettre en question les usages basés sur les besoins individuels et de production (et les mécanismes qui nous attachent à ces usages) afin de trouver des stratégies plus ‘low tech’ qui répondent aux mêmes besoins, autrement.

Remise en question du besoin dans la production

Pour cette partie, nos sources sont :

  • Philippe Bihouix – « L’Âge des Low-Techs »

  • E. F. Schumacher – « Small is beautiful »

  • Ivan Illich – « La convivialité »

Pour cela, Philippe Bihouix introduit dans une interview (Le mensonge de la croissance verte, Thinkerview minute 36:38) trois questions qui peuvent résumer les Low-Tech :

  1. « Pourquoi je produis ? »

  2. « Qu’est-ce que je produis ? »

  3. « Comment je produis ? »

« Pourquoi je produis ? »

A la première question se pose donc le problème du besoin : a-t-on besoin (1) d’utiliser réellement tout ce que nous utilisons de la manière dont nous l’utilisons ? A-t-on réellement besoin d’investir tant d’énergie et de matières rares et critiques dans nos objets ? Bien sûr, l’échelle du besoin, de ce point de vue, varie d’un individu à l’autre. C’est ce que nous avons vu dans un deuxième temps. Dans l’idée Low-Tech, l’idéal serait évidemment de ne plus produire ce dont on n’a pas besoin.

« Qu’est-ce que je produis ? »

Se pose alors la question de « Qu’est-ce qu’on doit produire ? », autrement dit, pour des objets dont nous aimerions garder l’usage (certaines nouvelles technologies), par quoi les remplacer pour assouvir le même besoin ? Pour le savoir, on peut s’appuyer sur des critères d’une conception soutenable (2), et chercher par là-même à re-disigner l’usage du produit par un autre (si on ne peut pas faire autrement), par un service (en faisant attention à ne pas avoir une trop grosse infrastructure physique pour le service), ou par une organisation.

Exemple

Les bouteilles de contenants. Le besoin est lié au stockage et donc à la survie, d’une certaine manière, parfois à la santé (pour les bouteilles stérilisées hermétiques). Cependant, la production de bouteilles n’est pas soutenable et créée des déchets dangereux pour la biosphère, par exemple. Les bouteilles en verre le sont moins (car elles sont au moins recyclées), mais il serait quand même aussi intéressant de les réutiliser. Pour cela, instaurer un système de consigne (qui n’est viable que s’il existe quelques types de bouteilles et pas 300 formes différentes).

Alors comment devrait-on produire ?

« Comment je produis ? »

Tout d’abord se pose la question de la forme que prend cette production (à quelle échelle ? de masse à grand échelle ou plus locale ?)

Il est intéressant d’observer les flux liées à cette production :

  • Flux d’énergie : liés à l’étape de production elle même (Quel procédé est employé ? quantité d’énergie consommée par unité de production et en valeur absolue) mais aussi l ‘énergie liée au transport (de matières, pièces, produit fini) qui peut prendre de l’importance si le lieu de production est éloigné de l’utilisateur final. (km parcourus et moyen de transport utilisé).

  • Flux de matière : On y retrouve les flux de matières premières, ceux des pièces et sous assemblages, et du produit fini. On entend produit au sens large cela inclus également les artefacts liés à sa commercialisation (Pub, packaging, palettes,..)

La question de « comment je produit se pose également pour les services.

Une autre idée de Bihouix : Démachiniser services (6). Schumacher évoque lui aussi ce sujet dans Small is Beautiful :

Comme le rappelle Bihouix dans l'industrie les machines peuvent être utiles elles permettre un hausse de la productivité et une baisse la pénibilité du travail. Mais pose la question : « Pourquoi remplacer les hommes partout ? »

Il part du constat qu'on assiste aujourd'hui à un remplacement de l'homme dans les métiers de service mais nuance selon les types de métier. Il est plus facile de remettre en question l'utilisation d'une borne dans resto que d'imaginer commander manuellement un billet de train avec le réseau actuel et problématiques de placement et optimisation du remplissage.

L’impact sur les ressources, l’énergie, le lien social et sur l’économie locale n’est pas négligeable. Bihouix l’illustre par les exemples suivants :

Exemple

Du point de vue des ressources, rien de plus néfaste : on remplace du simple travail humain, certes pas franchement valorisant en général (pour le poinçonneur des Lilas et la caissière de supermarché, c'est certain, mais c'est sans doute moins vrai pour la guichetière de la poste de village, qui avait un véritable rôle social), par de la consommation métallique et énergétique : machines et écrans bourrés d'électronique, donc de métaux rares, branchés en permanence. Au passage, on remplace les anciens métiers peu qualifiés par d'autres. Il y aurait beaucoup à dire sur la déchéance de ces nouveaux métiers de services non « robotisables », ce néoprolétariat chargé des tournées en camionnette pour approvisionner les distributeurs de café et de confiserie dans les stations de métro, changer les bonbonnes d'eau dans les entreprises, assurer la maintenance de toutes ces machines compliquées, fragiles et capricieuses car, sans maintenance, tout cela tombe rapidement en panne.

Revenons à nos bornes automatiques. Dispendieuses en ressources et énergie, elles sont aussi aberrantes du point de vue économique, et nos « décideurs », bien convaincus qu'il faut réduire au plus vite le nombre de travailleurs imparfaits et, dans ces métiers, souvent syndiqués, font preuve de courte vue. Que se passe-t-il en pratique ? Afin d'être plus « efficaces », en partant sûrement d'une bonne intention servir mieux et de manière moins coûteuse les usagers ou les clients , on détruit de l'emploi local et on aggrave le déficit commercial (car l'essentiel du contenu des machines est fabriqué à l'étranger, et leur énergie achetée à l'extérieur), contribuant à accélérer la destruction des bases de notre société.

Cette machinisation des service des limites, il est peut probable que des métiers comme ceux du bâtiment perdent leur caractère manuel.

À l’inverse on peut observer aujourd’hui une délocalisation des métiers de service (ex : centres d’appel où il suffit de suivre un script)

Problème traité la série INVISIBLES EP2

Constat : Aujourd’hui, il est plus simple et paradoxalement moins cher (économiquement) de produire en grande quantité.

Idées :

  • Produire plus localement ? mais quoi ? Certaines choses devraient plutôt être produite à échelle nationale ? et relocaliser sans perdre les bons effets d’échelles (5).

  • Revoir l’utilité des artefacts (publicité, marketing) et les reconcevoir

Revoir le Marketing permet également de voir l’impact du but donné à la production sur les échelles sociotechniques. C’est une autre question que l’on pourrait préciser pour comprendre les Low-Tech !

Un piège dans lequel on peut tomber : vouloir tout calculer et tout prévoir.

Malheureusement, nous ne savons pas réellement de quoi sera fait l’avenir. Il faut donc savoir rester modeste (7) sur notre point de vue sur la transition. Bihouix l’exprime ainsi :

« Qui produit ? »

Sources pour cette partie :

Cours EP01 :Responsabilité sociétale de l’entreprise

Rapports UTOPIES : Vers une RSE 2.0

On se place ici à l’échelle de l’entreprise. On peut se poser la question de la vision d’entreprise à travers les axes d’une conception soutenable :  

  • Sobriété : répondre à un besoin avec autre chose que forcément de la technologie.  

  • Résilience : un système est résilient s’il continue à garder ses fonctions actives suite à une perturbation ou les retrouve peu de temps après.  

  • Autonomie : possibilité de répondre à ses besoins par soi-même.

RSE : responsabilité sociétale de l’entreprise (check cours EP01)

Cette notion n’a pas été abordée pendant le débat mais est pertinente lorsque l’on parle du rôle de l’entreprise, sa contribution sociétale.

Une définition simple de la RSE serait : « la traduction du DD à l’échelle de l’entreprise ».

C’est une démarche volontaire (ou imposée pour les grandes entreprises).

La norme ISO 26000 évoque les grands thèmes de la RSE : Gouvernance / Droits de l’homme / Relations et conditions de travail / Ancrage territorial / questions relatives au consommateur / Bonnes pratiques des affaires / Environnement.

Les enjeux de l’entreprise sont également la somme des attentes des parties prenantes (acteur ou groupe d’acteur qui peut être impact  par les choix de l’entreprise).

Il existe plusieurs postures de RSE, d’une vision défensive (se protéger des nuisances des parties prenantes) jusqu’à un impact positif, une posture « visionnaire » :

  • différents enjeux sont intégrés à la stratégie de l’entreprise ;

  • communication nécessaire, usage sincère ;

  • technologie intéressante mais pas suffisante ;

  • utilisation modérée des normes, méthodes et outils.

Aujourd’hui certaines entreprises calent leurs objectifs RSE sur ceux de l’ONU

On peut également évoquer l’initiative B-corp

site : https://bcorporation.net

Il s’agit d’une certification que les entreprises peuvent avoir, qui a des critères sociaux et environnementaux qui peuvent se rapprocher de ceux de la norme ISO 26000.

« Dans quel but produire ? »  

Idées :

  • diminuer la production (et donc la croissance) ?

  • diminuer la consommation ?  

  • servir la société ? nationaliser ?  

  • tutorer les TPE/PME ?

Le « cap » de Bihouix : vers l’économie des ressources (3) :

Et il dit, plus loin :

Ce concept de démocratiser le savoir, c’est ce qui se retrouve dans l’idée de « convivialité » d’Ivan Illich. D’ailleurs, il serait aussi important pour P. Bihouix, de revoir l’équilibre entre la performance et la convivialité (4) lors de la production. Petite définition citée par P. Bihouix pour comprendre mieux :

Ça peut donc rejoindre l’idée de Schumacher et des machines aliénantes, comparées aux outils qui aident le producteur ou l’ouvrier. Dans les mots de Victor Petit : « Open the Black Box » !

L'idée de Schumacher :

Il compare l'économie moderne à l'économie bouddhiste sur le sujet du travail dans la société.

Cet exemple nous montre comment le besoin derrière l’action modifie ce que l’on va accepter ou non, et pourrait donc éviter les dérives sociales de l’aliénation du travail.

En conclusion

Ces trois questions nous permettent de voir comment Philippe Bihouix a pu réfléchir afin de décrire ses 7 commandements Low-Tech. Ces réflexions peuvent donc nous permettre à chacun de savoir quelle serait notre propre définition du Low-Tech.

  1. Remettre en question le besoin

  2. Concevoir réellement durable

  3. Vers une économie de la ressource

  4. Trouver l’équilibre entre la performance et la convivialité

  5. Relocaliser sans perdre les bons effets d’échelle

  6. Démachiniser les Services

  7. Rester modeste

Transition besoin production/individuel

Source pour cette partie

Philippe Bihouix – L’Âge des Low-Techs

vidéo Philippe Bihouix : Sortir de l'idée du recyclage à l'infini (début jusqu’à 2’50)

Problèmes du recyclage

Cas du recyclage du verre :

Prenons l'exemple du recyclage du verre. On a vu le phénomène de « dégradation de l'usage » dans le cas du recyclage des métaux, avec le mélange des petits métaux non ferreux provenant de ferrailles de différentes natures (cf. acte I). Ce phénomène existe également pour les plastiques et pour les verres. Ainsi, on ne peut évidemment pas refaire du verre blanc à partir du calcin (verre brisé) issu du mélange de verres blancs et de verres colorés, les produits teintant le verre (des métaux d'ailleurs, comme le fer) étant présents dans le mélange. Il n'est pas imaginable de retrier les morceaux de calcin après coup « à la main », bien sûr, mais des technologies coûteuses, à base de capteurs optiques, émergent pour les trier automatiquement en les faisant circuler sur une bande de roulement. Bref, vaut-il mieux jeter toutes les bouteilles ensemble, puis devoir s'appuyer sur des installations ultratechnologiques coûteuses en aval, ou trier en amont, « à la source », dans des conteneurs différents, les verres blancs d'un côté et les verres colorés de l'autre, comme cela existe en Allemagne ? Ou encore mieux, n'utiliser que du verre blanc pour l'ensemble des usages?

Être plus radical ?

Plutôt travailler à la racine, à la source, des problèmes plutôt qu’essayer d’en gérer les conséquences à coup de normes, contrôles et réglementations.

Ecologie de l’offre VS écologie de la demande

Philippe Bihouix oppose ces deux termes. L’écologie de l’offre s’apparente à de la croissance verte tandis que l’écologie de la demande se rapporte à la notion de d croissance.

Illustrations : -énergie (pour l’offre->changer les centrales en renouvelable // pour la demande->commencer par baisser la consommation) -café (offre->gobelet en plastique recyclé // demande->tasse)

La remise en question du besoin fait partie de l’écologie de la demande. Il est intéressant de la faire à l’échelle individuelle.

Remise en question du besoin individuel

Cette partie a plusieurs objectifs. Le premier, de donner des pistes de réflexion sur « comment remettre en question le besoin individuel », et de se rendre compte que les choses auxquelles nous sommes attachées sont parfois en fait très peu soutenables (grâce à une réflexion sur les flux de matière et d’énergie, par exemple). Une dernière vidéo du psychothérapeute Pedro Sancho permet de comprendre ce qu’est le besoin et de relativiser sur ce à quoi on tient réellement : les stratégies qu’on utilise pour assouvir nos besoins.

Source pour cette partie : Pedro Sancho, Comment rater ta vie avec Fire Punch

  • minute 5:55 (20s) – la théorie des besoins

  • minute 8:39 (3min) – différence entre le besoin et la stratégie pour l’assouvir

  • minute 11 :40 (jusqu’à la fin) – exemple d’une organisation de la société vue sous le prisme des besoins

La pyramide de Maslow

Lors de ce cours, nous avons trié des objets du quotidien par fréquence d’usage (de 3 fois par jour à une fois par an).

Ensuite, nous avons décrit pour chacun de nous l’importance affective relative de ces objets.

Puis nous avons cherché à savoir quel parcours on fait les matières et l’énergie pour pouvoir les utiliser afin de répondre à la question « cet objet en vaut-il la peine » ?

Ensuite nous nous sommes demandé à quel besoin ces objets répondaient-ils pour chercher des alternatives pour continuer de répondre à ces besoins de façon plus « Low- Tech ».

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